Voila maintenant deux semaines que nous devons rester chez nous ... alors comme le temps passe moins vite que d'habitude, même s'il y a toujours du travail dans la maison et le jardin, j'ai vraiment envie de prendre un moment chaque jour pour partager mon quotidien, mes impressions ou activités. Car au départ, le BLOG n'est rien d'autre qu'un journal intime mis en ligne. Bon, on ne va pas non plus raconter non plus  tous ses secrets, mais c'est un lieu d'expression et de partage que je trouve intéressant.

Jasmine, en parlant de la cuisinière à bois de ses grands parents m'a permis de me souvenir également de la fameuse cuisinière à bois qui trônait au milieu de la cuisine de ma grand-mère et arrière grand mère. Tiens, et si je racontais un peu ....

J'ai grandi chez mes grands parents dans l'arrière pays grassois. De mon enfance, je garde un souvenir de paradis perdu. Et c'est d'ailleurs ce qui me rapproche de la sensibilité d'Henri Bosco. Dans ses récits, je retrouve des sensations enfouies mais toujours très vivantes.

Cette maison d'enfance était absolument merveilleuse. Immense, une ancienne demeure ayant été bâtie par des moines cisterciens au XVIIème siècle, un jardin peuplé d'oliviers plusieurs fois centenaires, de figuiers, de cerisiers.... Evidemment, toute une basse cour, poules, lapins, pintades, dindons .... des chèvres, un âne. Et cette liberté que les enfants d'aujourd'hui ne connaissent plus. 

Dans le roman "L'âne culotte", je retrouve l'essence de ce lieu magique... (Mais si, cherchez bien, je suis sûre qu'il reste quelque part sur une de vos étagères, un exemplaire de l'âne culotte )

Constantin est un jeune garçon qui vit chez ses grands parents (lui aussi !) Ces derniers ont recueilli une petite orpheline, Hyacinthe. Sur la colline, un très vieil homme, revenu"des îles" a redonné vie à un ancien domaine. Et quelle vie ! En quelques mois, ce qui n'était que pierrailles et poussière s'est transformé en jardin d'Eden. Ce vieil homme, certainement un peu sorcier, envoie un âne particulier, puisqu'il porte des pantalons (d'où son nom), il l'envoie chercher Constantin. Car le rêve de Cyprien, c'est de d'offrir cet Eden à Constantin et Hyacinthe. 

Voilà la trame du roman... Evidemment, comme dans tout paradis se cache un serpent .... et celui-ci est de taille, redoutable, même !

Pour garder le moral en période de confinement, rien de tel que de cuisiner... Aujourd'hui dimanche, un jour comme les autres puisque chez nous, le temps s'est arrêté, nous avons confectionné des pancakes ! Et bien entendu sur la cuisinière à bois. J'ai toujours aimé cuisiner directement sur le feu. Déjà lorsque nous vivions dans un chalet à la montagne notre vie s'organisait autour du poêle à bois. Désormais, nous avons beaucoup plus de place. La cuisinière tourne depuis le mois d'octobre à plein régime. C'est le coeur de notre maison :-)

Les images sont issues de Pinterest ... lorsque je serai un peu plus douée j'en ferai de notre intérieur !

En cherchant bien, on a tous un roman d'Henri Bosco dans nos bibliothèques... Qui n'a pas étudié "L'enfant et la rivière" à l'école primaire ou au collège ?

Un des plus beaux romans d'Henri Bosco c'est, à mes yeux, "Malicroix". Martial de Mégremut se voit léguer par un oncle lointain, un domaine situé en Camargue. Mais il y a une clause au testament. Le jeune homme devra passer six mois, seul, sur une île au milieu du Rhône, dans une petite maison qui tient plus de la cabane que du mas provençal. Epreuve initiatique s'il en est ... Martial sera confronté à la solitude, aux tempêtes, aux pluies, aux bourrasques. 

"La maison se serra sur moi, comme une louve, et par moments, je sentais son odeur descendre maternellement jusque dans mon coeur. Ce fut, cette nuit-là, vraiment ma mère."

L'écriture est lumineuse, le lecteur, transporté dans un monde de rêves et d'illusions. Pour moi, Henri Bosco est un auteur de la famille des romantiques allemands. Malheureusement il a été rangé sur l'étagère des Pagnol.... J'aime aussi beaucoup Marcel Pagnol, là n'est pas la question, mais il s'agit ici d'une oeuvre qui dépasse de loin les galéjades marseillaises. Avec Henri Bosco, on touche aux racines de l'âme et de l'imaginaire. La terre est habitée d'anciens dieux qui se manifestent à travers les éléments et les songes.

Alors, contrairement à ce que l'on pense, Henri Bosco n'est ni un auteur régionaliste, ni un auteur pour les enfants. Lorsqu'il évoque la Provence, il s'agit plutôt d'une terre rêvée, mythique, ancestrale. Et lorsqu'il met en scène des enfants c'est parce que l'enfance évoque un âge d'or, où tout est encore possible. Le monde invisible y côtoie le quotidien des personnages.

Pourquoi je relis Henri Bosco aujourd'hui ? Eh bien parce que nous sommes confinés... et bien forcés d'attendre. Or, tous les personnages de Bosco attendent. Ils attendent on ne sait trop quoi. Ils savent qu'une chose va advenir. Une menace ou un immense bonheur. En tout cas quelque chose qui va permettre de relier deux mondes.  

J'ai repris le cycle de Pascalet dans l'ordre :

L'enfant et la rivière

Le renard dans l'île

Barboche

Bargabot

Mon compagnon de songes

Tante Martine.

J'en reparlerai demain.

Dans les oeuvres d'Henri Bosco, très souvent, le personnage principal tombe malade. Eh oui, c'est bien d'actualité... Le narrateur a de fortes fièvres, délire. Cela dure longtemps. Mais toujours le personnage se relèvera différent. Il aura touché aux portes de la mort, la cloison entre les vivants et les trépassés se sera ouverte. 

Pour moi, Henri Bosco est un grand maître du récit fantastique. Son oeuvre est unique, son écriture envoûtante. Elle permet de franchir des seuils de conscience.

Je vais essayer de venir chaque jour vous parler ici de cet écrivain qui m'accompagne depuis mon enfance. 

Elles sont bien nombreuses, non ? Vous avez déjà évoqué Camille Claudel, 

je parlerai de deux artistes que j'affectionne particulièrement :

Frida Kahlo, autoportrait d'une femme de Rauda Jamis et FK, une peinture de combat de M. Holzhey

Louise Bourgeois, sculpter sa vie LM Bernadac (réédité en janvier 2019) - Une berceuse en chiffons - un livre pour les enfants qui parle de l’enfance de Louise Bourgeois. Cette femme hors du commun devint célèbre par ses sculptures géantes d'araignées.... après ses 70 ans! Dans son enfance, elle était passionnée par les tissus et les fils. elle regardait sa mère coudre, broder, ravauder... Son univers intérieur s'est tissé de tous ces instants.

Et pour terminer, quelques études générales :

Audrey Pulvar : Libres comme elles 

John Prends : Ces femmes qui ont changé le monde

F.Héritier - Michèle Perrot : La plus belle histoire des femmes

Mona Chollet - Beauté fatale

Voici terminée ma petite contribution à votre rencontre du mois de janvier 

Je vous souhaite de belles lectures et de belles préparations de fêtes de fin d'année !